A l'occasion de la Journée mondiale des zones humides, la nouvelle secrétaire d'Etat à l'écologie, Chantal Jouanno, a annoncé le 2 février la création en France d'un groupe national dédié à la gestion de ces "milieux remarquables". En visite sur un site dans le Calvados, elle a rappelé l'urgence de la question. Marais, tourbières et lagunes "sont en régression en France et dans le monde" alors que ces zones abritent nombre d'oiseaux et d'espèces remarquables, a-t-elle déploré. Et "la biodiversité, c'est comme le mikado : à chaque fois que l'on en retire une pièce, tout l'ensemble peut s'écrouler", a-t-elle averti.
En France, les zones humides couvrent 1,5 million d'hectares, la moitié des espèces d'oiseaux en dépendent, batraciens et poissons y prolifèrent. En outre, elles fonctionnent comme des stations d'épuration de l'eau, permettent le stockage du CO2 dans le sol et servent de zones-tampons en cas d'inondations. Or, ces milieux naturels sont de plus en plus menacés par la pression des activités humaines. "La principale menace, c'est le bétonnage: on draine pour construire", souligne-t-on dans l'entourage de la secrétaire d'Etat. "Les marais jusqu'alors, on s'est surtout préoccupé de les assécher", a-t-elle reconnu.
L'Institut français de l'environnement (Ifen) estime que les deux-tiers des zones humides originelles françaises ont disparu. Entre 1990 et 2000, sa dernière étude a montré que dans plus de 30% des cas, la surface des prairies humides et autres tourbières avait encore régressé.
En adhérant en 1986 à la "convention Ramsar" - du nom de la ville iranienne où elle avait été signée le 2 février 1971 - la France s'est engagée à protéger 23 sites couvrant un peu plus de 928.000 hectares. Un plan national d'action pour les zones humides avait déjà été adopté par le gouvernement en 1995 afin de lutter contre la dégradation de ce patrimoine naturel.
Le groupe de travail qui sera mis en place devra établir un inventaire et une "feuille de route" pour les cinq ans à venir pour préserver ces espaces menacés. Il fonctionnera sur le modèle du Grenelle de l'environnement avec les cinq collèges - experts, syndicats, patronat, Etat, associations. Car la difficulté est de concilier les intérêts souvent divergents entre élus locaux, agriculteurs, chasseurs, pêcheurs et industriels.
Mais il n'est pas question de "sanctuariser" ces espaces naturels et d'y interdire toute activité économique : "on veut simplement y développer des activités compatibles avec leur finalité écologique", a expliqué Chantal Jouanno. Par exemple, la roselière de Ver-sur-Mer, dans le Calvados, a été rachetée par le Conservatoire du littoral avec l'aide de l'Agence de l'eau pour y installer des élevages extensifs de vaches laitières, une activité susceptible de maintenir la biodiversité locale. Ce type d'intervention pourrait se développer puisque le Grenelle de l'environnement a prévu l'acquisition de 20.000 hectares de zones humides par le Conservatoire du littoral et les Agences de l'eau en vue de leur valorisation.
A.L. avec AFP
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