Prigueux optimise son foncier (24)

Posted by Valeria Galgano on Friday, April 26, 2024

« Nous sommes dans la logique de reconstruire la ville sur elle-même, avec la volonté de la renaturer au maximum », affirme Delphine Labails, maire de Périgueux. Un projet clé dans cette commune de près de 30 000 habitants, qui affiche une densité de 2 900 personnes au kilomètre carré. Son habitat vieillissant compte plus de 40 % de logements dont les conditions d’habitabilité varient entre « à peine passables » et « très dégradées » (lire l’encadré). Dans ce contexte, la ville lance des programmes de constructions neuves, en réutilisant du foncier déjà urbanisé mais aussi des actions sur le bâti existant telle que Bimby, [NDLR : « Build In My Back Yard »*], initiée en 2016.

Éviter la consommation de terres naturelles ou agricoles

Bimby s’adressait aux propriétaires d’une maison qui souhaitaient connaître les possibilités de rénovation ou de reconfiguration de leur bien, notamment pour y construire une nouvelle habitation pour eux-mêmes, un proche ou un nouvel habitant. Et cela sans consommer de terres naturelles et agricoles, à quelques pas des équipements, services et commerces. Ce dispositif a pris fin en 2021 après avoir accompagné 250 projets d’extension de l’habitat existant. « Nous l’avons remplacé par un dispositif moins coûteux qui substitue le portage privé par un portage public », explique la maire. La ville a signé une convention avec le Conseil de l’architecture de l’urbanisme et de l’environnement (CAUE) qui étudie les propositions des propriétaires, avant de passer le relais au service Urbanisme de la commune qui a été étoffé pour instruire les dossiers et accompagner les projets de reconversion, création, extension des bâtis jusqu’à leur terme.

Avantage de ce nouveau dispositif : des coûts moindres. Le budget annuel affecté à Bimby s’élevait à 200 000 euros. La somme a été redéployée : un quart vient alimenter la convention avec le CAUE, la moitié est affectée à des parts acquises auprès de la foncière commerciale de la ville, constituée en partenariat avec la Banque des Territoires, et le reste a été redirigé sur d’autres actions.

Mesurer l’impact urbain des projets des propriétaires

Bimby et son remplaçant fonctionnent selon des principes similaires : le portage autrefois assuré par une start-up l’est maintenant par une structure publique. Les années d’expérience ont souligné un point de vigilance assez sensible : « La collectivité doit veiller à bien mesurer l’impact urbain des projets. La surélévation d’un bâti ou la création d’espaces extérieurs peuvent entraîner des gênes sur le voisinage proche. » Autre point à souligner : l’efficacité d’un tel dispositif est liée à son inscription dans une politique globale de rénovation et d’amélioration de la qualité et de l’offre des logements. Par exemple, l’Opération programmée d’amélioration de l’habitat – renouvellement urbain (OPAH-RU) portée conjointement par la ville et la communauté d’agglomération crée un environnement favorable à ce dispositif. Tout comme le programme Action cœur de ville qui a permis de cofinancer un poste de manager de centre-ville. De même, les actions de végétalisation et les reconversions de friches menées par la commune contribuent au succès de ces opérations de reconstruction de la ville sur elle-même.

L’opération de renouvellement qui s’étend du cœur de ville jusqu’au quartier de la gare SNCF et son pôle multimodal est emblématique de cette volonté de reconstruire sur des espaces déjà urbanisés. À la rénovation de l’ancien s’ajoutent un programme de logements neufs et la création d’un centre d’affaires sur une réserve foncière détenue par la ville près de la gare. Aux yeux de la maire, l’ensemble de ces actions de réaménagement conduisent à concilier l’amélioration de l’offre de logements en qualité et quantité avec la réduction de la consommation d’espaces naturels.

*L’acronyme Bimby a été forgé à partir de l’expression « Build In My Back Yard », qui signifie « construis dans mon jardin ». C'est un clin d’œil à l’expression « Nimby » : « Not In My Back Yard » (pas dans mon jardin), qui désigne le fait de s’opposer à des projets d'intérêt collectif au motif principalement que ceux-ci sont situés à notre goût trop près de notre habitation : une ligne de chemin de fer, une chaufferie, un centre de tri des déchets…

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