Commune limitrophe d’Angoulême, Soyaux a installé un centre municipal de santé, à la lisière d’un quartier classé en politique de la ville et qui regroupe 40 % de ses 10 000 habitants. « C’est là que les effets de la désertification médicale se faisaient davantage sentir et que la population a le plus de problèmes de mobilité, selon le maire François Nebout. La commune disposait encore de quatre médecins généralistes libéraux jusqu’en 2019, date de leur départ à la retraite. Nous l’avions anticipé et travaillé avec des professionnels de santé, pour favoriser des installations de médecins en activité libérale, mais sans succès. »
Un échec auquel les élus ne se résignent pas. La municipalité décide de s’engager dans un projet d’offre médicale salariée, que le maire qualifie de « sorte de service public de médecine générale ». Pour le bâtir, la ville s’est inspirée de la commune de Bergerac en Dordogne, qui avait déjà entrepris d’installer une telle structure. Un groupe de travail est monté. Il regroupe l’adjoint en charge de la santé, la directrice des services, la direction des ressources humaines, des représentants de l’Agence régionale de santé (ARS), de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), du conseil de l’ordre des médecins. Sa cheville ouvrière est la directrice de cabinet du maire, Élise Vouvet, qui a porté le projet de bout en bout. Selon les thématiques abordées par le groupe de travail d’autres intervenants plus spécialisés étaient appelés à participer au groupe de travail.
Des médecins salariés
Avec un soutien financier de l’État (dotation politique la ville) et des fonds structurels européens (Feader), des locaux appartenant à la ville sont rénovés et agrandis pour accueillir le centre municipal de santé. Des postes de médecins voient le jour, sous statut de contractuels de la fonction publique, après délibération des élus. Leur grille de rémunération est calquée sur celle de la fonction publique hospitalière. Pour le recrutement, la commune adhère à la Fédération nationale des centres de santé, qui dispose d’un espace pour diffuser les offres d’emploi. Des annonces sont également publiées dans les revues médicales et auprès des réseaux de l’Ordre des médecins.
L’objectif du centre municipal de santé de Soyaux est d’apporter un service de premiers soins en médecine générale, complémentaire de l’offre de spécialistes, assurée par la clinique installée dans la commune. Les activités paramédicales libérales sont aussi bien présentes sur le territoire. Le centre fonctionne avec six généralistes, ce qui représente 4,5 équivalents temps plein (ETP) en raison du recrutement de médecins cumulant emploi et retraite. Une infirmière est aussi dans l’équipe. Les soignants sont entièrement déchargés des tâches administratives, exercées par un pool de secrétaires qui représente 3,5 ETP. Le centre de santé de Soyaux est ouvert depuis début 2020.
Des obstacles administratifs
Avant d’arriver à ce résultat, les obstacles n’ont pas manqué. « Nous avons dû affronter un véritable parcours du combattant, à tous les niveaux et notamment sur la partie administrative », témoigne le maire. Lors de l’ouverture, les formulaires d’arrêt de travail et les feuilles maladie n’étaient pas disponibles. Pour se les procurer, il fallait d’abord disposer de la carte de santé attribuée au centre de santé. Celui-ci est d’ailleurs le référent de l’ensemble des patients traités par ses médecins. Finalement, tout a été réglé pour mettre à disposition des habitants ce service, qui ne fait pourtant pas partie des compétences de la commune. Mais, insiste le maire, « pour nous, il était plus qu’important de fournir cette prestation à la population qui risquait de se retrouver sans médecin généraliste. »
Autre difficulté majeure à surmonter, le recrutement. « Nous sommes confrontés à une concurrence d’autres communes, ainsi qu’à une surenchère sur les salaires qui, à terme, nous oblige à envisager un déficit. » Ce n’est pas le cas actuellement, au contraire. L’excédent sur les deux premières années avoisine les 100 000 euros. Mais il est généré par les aides à l’installation, qui sont limitées dans le temps et lorsqu’elles cesseront, le déficit prévu en 2025 pourrait être d’une dizaine de milliers d’euros. Enfin, accepter de renoncer à un exercice libéral de la médecine a été une petite révolution culturelle. « Mais c’était la seule solution pour faire face à la désertification médicale », constate le maire François Nebout, lui-même médecin libéral. En moyenne, 1 500 patients sont soignés chaque mois dans le centre de santé. Autant dire que l’enjeu en valait la peine.
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFonLGolae2prrCnmasp6mWwrl5wqilrKyiqra1edSnZKydoqu2pLGMqaybpJmYeqWxjKacnZ2TnrumecaepZ6qkaGybn2V